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Rencontres latines 2006 
 
 
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Respect de l’adversaire, gloire du vainqueur 
 
Dans le Pro Marcello, écrit en 46, Cicéron s'adresse à César pour le remercier de sa clémence envers M. Marcellus, partisan de Pompée durant la guerre civile. 
 
 
Domuisti gentes immanitate barbaras, multitudine innumerabiles, locis infinitas,  
omni copiarum genere abundantes ; ea tamen uicisti quae et naturam et condicionem  
ut uinci possent habebant ; nulla est enim tanta uis quae non ferro et uiribus debilitari frangique possit. Animum uincere, iracundiam cohibere, uicto temperare,  
aduersarium nobilitate, ingenio, uirtute praestantem non modo extollere iacentem,  
sed etiam amplificare eius pristinam dignitatem, haec qui faciat, non ego eum  
cum summis uiris comparo, sed simillimum deo iudico.  
 
Aussi, César, ta gloire militaire sera sans doute célébrée non seulement chez nous, mais dans presque toutes les langues et littératures du monde, et les générations futures ne tariront pas sur ton éloge ; mais dans l'histoire guerrière, je ne sais pourquoi, même à la lecture, il semble que retentissent, assourdissants, les cris des soldats et le son de la trompette. 
 
At uero cum aliquid clementer, mansuete, iuste, moderate, sapienter factum [esse] in iracundia praesertim, quae est inimica consilio, et in uictoria, quae natura insolens  
et superba est, audimus aut legimus, quo studio incendimur, non modo in gestis rebus,  
sed etiam in fictis, ut eos saepe quos numquam uidimus diligamus ! 
 
 
Traduction du premier lauréat 
 
Tu as vaincu des races d'une cruauté barbare, d'une multitude innombrable d'un territoire infini et abondantes en toutes sortes de biens ; tu as donc vaincu ceux qui possèdent une nature et une condition qui permettent de les vaincre : en effet, il n'existe aucune force d'une ampleur telle qu'elle ne puisse être affaiblie et anéantie par ton fer et ton armée. Vaincre ses sentiments, contenir ses accès de colère, épargner les vaincus, et, l'adversaire éminent de par sa noblesse, son intelligence et sa vertu, non seulement le relever alors qu'il gît mais accroître en plus son ancienne dignité, celui qui fait ces choses, je ne le compare pas aux plus grands hommes mais le considère comme semblable à un dieu. (...)  
Mais vraiment, lorsque nous entendons ou lisons, que ce soit dans les faits accomplis ou dans les histoires, que quelque chose fut fait avec douceur et bonté, avec justice, modération et sagesse, particulièrement dans la colère, qui est l'ennemie de la réflexion, et dans la victoire, par nature excessive et orgueilleuse, par quelle passion sommes-nous consumés alors, qui fait que nous estimions souvent ceux que nous n'avons jamais rencontrés. 
 
 
Traduction "Budé" 
 
Tu as dompté des nations barbares et cruelles, populations innombrables aux territoires immenses, aux ressources inépuisables ; mais si tu les as vaincues, c'est qu'elles portaient en elles, dans leur destin, des possibilités de défaite : il n'est force si grande que ne puissent affaiblir et briser le fer et la force. Mais vaincre son cœur, réprimer sa colère, épargner un vaincu, et, non content de relever de sa chute un adversaire qu'illustrent sa naissance, son esprit, son mérite, ajouter encore à son autorité première, faire cela, c'est faire plus, selon moi, que les plus grands héros, c'est égaler à la divinité. (...)  
Imaginons au contraire un acte de clémence, de bonté, de justice, de modération, de sagesse, surtout accompli dans la colère, cette ennemie de la réflexion, ou dans la victoire, excessive et cruelle par essence : à l'entendre rapporter ou à le lire, l'enthousiasme nous enflamme, que ce soit un fait réel ou une fiction, jusqu'à nous faire aimer souvent des êtres que nous n'avons jamais vus. 
(Traduction de M. Lob, Les Belles Lettres) 
 
 

 

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Modifié en dernier lieu le 15.03.2006
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